Questions-Réponses avec L’Oréal
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Questions-Réponses avec L’Oréal

Engagé de longue date en matière de développement durable, L’Oréal s’est fixé d’ambitieux objectifs sur ce sujet. Des objectifs qui ont entraîné une transformation en profondeur de l’entreprise, de son fonctionnement et de sa manière de prendre en compte son impact. Explications avec Adelaïde Colin, Directrice de la communication au sein du Département Responsabilité sociale et environnementale de L’Oréal et de la Fondation L’Oréal, Régine Lucas, Directrice de la Finance Durable et Catherine Rose, Directrice Internationale Communication, L’Oréal Finance & Legal.

L’Oréal : allier croissance, performance financière et engagements sociaux et environnementaux

Dans quelle démarche s’inscrit L’Oréal avec le programme L’Oréal pour le Futur ? Et quels en sont les principaux objectifs ?

L’Oréal a lancé son premier grand programme stratégique en 2013 et a pris une série d’engagements à fin 2020. À cette date, nous avions déjà réduit les émissions de CO2 de nos usines et de nos centrales de distribution de 81 % en valeur absolue par rapport à 2005 (objectif fixé : -60 %), alors que le volume de notre production avait augmenté de 29% sur la même période. Cela prouve la capacité de L’Oréal à décorréler sa croissance de son impact environnemental.

Avec L’Oréal pour le Futur, notre nouveau programme à horizon 2030 lancé en juin dernier, nous voulons aller plus loin. L’ampleur des défis auxquels nous faisons face aujourd’hui est sans précédent. Nous ne devons plus seulement faire mieux : nous devons faire ce qui est nécessaire. Pour construire ce programme, sept groupes d’experts internes ont coordonné des études indépendantes et collaboré avec des partenaires externes et la société civile. En résulte une stratégie ambitieuse permettant à L’Oréal d’accélérer sa transformation en matière de développement durable et d’inclusion :

L’Oréal pour le Futur comporte deux grands volets. Le premier concerne la poursuite de notre transition durable avec l’objectif que l’ensemble de nos activités – c’est-à-dire nos impacts directs mais aussi nos impacts indirects – soient inscrites dans le respect des limites planétaires. Par exemple, d’ici à 2025, 100 % de nos sites seront neutres en carbone, par l’amélioration de leur efficacité énergétique et le recours en totalité aux énergies renouvelables. Nous voulons aussi réduire de 50 %, d’ici à 2030, les émissions de gaz à effet de serre de l’ensemble de nos produits finis et nous nous sommes engagés à utiliser 50 % de plastiques recyclés ou biosourcés en 2025, puis 100 % en 2030.

Réduire drastiquement nos impacts est une priorité, mais ce n’est plus suffisant. Une entreprise leader comme L’Oréal se doit aussi d’apporter une contribution à de grands sujets sociaux et environnementaux urgents. Nous allons ainsi allouer 100 millions d’euros à de l’impact investing environnemental pour la régénération des écosystèmes et le développement de l’économie circulaire, et 50 millions d’euros à un fonds de dotation philanthropique pour soutenir les femmes en situation de grande vulnérabilité.

 

Ces engagements ont forcément une répercussion sur le Groupe et son organisation. Quels sont vos principaux axes de transformation ?

Depuis 2013, nous avons totalement réinventé notre manière de travailler, de la conception des produits à leur distribution, en passant par leur production et le sourcing des ingrédients. Cette transition progressive vers un modèle économique plus durable a complètement changé nos métiers, créant des challenges mais aussi des opportunités et des innovations pour un concepteur de produits, un ingénieur ou un directeur d’usine. Par exemple, notre cœur de métier, la conception de produits de beauté, intègre désormais dès le départ le paramètre du développement durable.

Avec L’Oréal pour le Futur, nous accélérons cette transformation. À titre d’exemple, notre département Recherche & Innovation engage une profonde transition, en orientant ses méthodes vers les Green Sciences.

Les équipes Finance se mettent aussi au service de cette transformation car la performance économique et financière est aujourd’hui indissociable de la performance sociale, sociétale et environnementale. Les deux sont la condition pour exister et réussir à long terme. Elles font partie de la même démarche et s’enrichissent mutuellement.

Nous souhaitons intégrer l’impact environnemental et social dans nos prises de décisions de gestion au quotidien. Nous avons donc signé un partenariat avec la chaire Audencia pour développer une comptabilité multi capitaux, qui nous aidera à piloter la création de valeur et les coûts environnementaux et sociaux, en plus de l’aspect purement économique.

 

Comment le Groupe concilie-t-il croissance de son activité, performance financière et ambitieux engagements sociaux et environnementaux ?

Tous les résultats de L’Oréal en matière de développement durable, reconnus cinq années consécutives par le Carbon Disclosure Project, ont été obtenus alors que l’entreprise a augmenté de près de 30 % le volume de la production.

Nous prouvons, année après année, qu’il est possible d’allier croissance, performance financière et engagements sociaux et environnementaux ambitieux. Les résultats financiers 2020 ont été l’occasion de mettre en avant cette double performance, tant financière qu’extra-financière. Le Groupe a maintenu un niveau de profitabilité élevé, démontrant la solidité de son modèle, tout en étant solidaire de son écosystème pour aider ses partenaires à faire face à la crise et en annonçant des engagements majeurs avec le programme L’Oréal pour le Futur.

 

Le programme L’Oréal pour le Futur prévoit d’importants investissements financiers pour soutenir ces engagements. Pouvez-vous nous parler des choix qui ont été faits ?

Chez L’Oréal, la responsabilité environnementale fait partie intégrante de la stratégie et de tous les métiers. Notre programme de développement durable se caractérise par sa complète intégration à la chaîne de valeur de l’entreprise. C’est pourquoi il est difficile d’isoler les coûts et investissements consacrés directement ou indirectement à l’approche des problèmes environnementaux et à la mise en place de solutions.

À noter toutefois, notre processus de transformation passe par des investissements pour changer nos méthodes, pour financer de nouvelles technologies, pour changer les comportements. Très souvent, cela génère des économies et permet des gains d’efficacité ou des réductions de coûts après amortissement. Notre politique de développement durable n’a pas d’impact direct sur nos marges ; nous devons être inventifs pour trouver des solutions durables sans compromettre la rentabilité.

 

Quel rôle peuvent, selon vous, jouer les entreprises dans la réponse aux grands enjeux environnementaux ?

Personne ne peut agir seul pour répondre à l’ampleur des défis actuels, et tous les acteurs, y compris les entreprises, doivent apporter leur pierre à l’édifice. Chez L’Oréal, nous voulons et pouvons aller au-delà de la seule transformation de notre modèle économique : nous souhaitons engager l’ensemble de nos partenaires, clients et consommateurs, car c’est tous ensemble que nous aurons un réel impact. Et nous voulons aussi contribuer à relever certains des défis sociaux et environnementaux les plus urgents.

 

En tant que groupe mondial, leader sur son marché, comment pensez-vous que les PME ou ETI d’aujourd’hui peuvent s’inscrire dans vos pas ?

Le développement durable est une responsabilité que nous devons tous prendre très au sérieux, que l’on soit une grande ou une petite entreprise. En tant que leader de notre industrie, nous avons un devoir d’exemplarité. Grâce à la transformation en profondeur que nous engageons et à nos résultats tangibles, nous voulons montrer que le changement est possible, et être un catalyseur dans le secteur de la beauté et au-delà.

Nous travaillons avec de nombreux partenaires, parmi lesquels de nombreuses PME, qui participent à cette transformation. Elles font partie intégrante de la solution. Nos équipes sont pleinement engagées à leurs côtés, d’un point de vue technique ou achats. Elles invitent largement chacune et chacun à agir avec nous, et s’inspirent mutuellement.

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