Interview croisée de nos Associés-Dirigeants
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Interview croisée de nos Associés-Dirigeants

Comment maintenir son activité face à la crise sanitaire ? Quelles conséquences a-t-elle eue sur l’activité ? Et comment adapter sa stratégie de croissance ? Yannick Piacentini, Directeur Général d’Edea, entreprise spécialisée dans le terrassement et les travaux publics, et Vincent Dejonghe, PDG de Proferm, fabricant de menuiseries, tous deux accompagnés par Initiative & Finance, partagent leur expérience.

La crise a confirmé la validité de notre stratégie

Comment avez-vous accueilli l’annonce du confinement en mars dernier ? Quelles ont été vos priorités ?

Yannick Piacentini : L’incertitude a d’abord prédominé. Sur la durée du confinement mais aussi sur le soutien que nous pouvions attendre de l’État. Nous sommes une entreprise familiale : assurer le salaire de tous nos employés était une priorité. Après trois jours d’arrêt, nous avons rapidement repris l’activité, sur la base du volontariat et grâce à un protocole mis en place avec le responsable qualité sécurité environnement de l’entreprise. Par chance, et parce que nous utilisons des masques dans notre activité quotidienne, nous avions le matériel nécessaire pour assurer une réouverture. Et presque tous les ouvriers ont pu reprendre le travail.

Vincent Dejonghe : À l’annonce du confinement, nous avons décidé de passer en télétravail nos activités qui pouvaient l’être – essentiellement les tâches administratives –, de mettre à l’arrêt la partie production de notre activité et au chômage partiel nos commerciaux. Il nous a fallu un peu moins d’un mois pour organiser nos ateliers et reprendre la production tout en respectant les gestes barrière. Cette reprise a été inspirée par les réactions de nos clients : même pendant ces semaines d’arrêt, nous avons continué à enregistrer de nouvelles commandes – nos clients ne souhaitaient simplement pas être livrés avant la fin du confinement. C’était rassurant, et nous savions que cela aller redémarrer fort. Ce qui s’est confirmé.

 

Quel accompagnement vous a été proposé par Initiative & Finance sur ces questions ?

YP : Initiative & Finance a mis à notre disposition un cabinet juridique, qui a répondu à nos questions. Ils nous ont aussi aidés à obtenir le prêt garanti par l’État (PGE). Enfin, grâce à des équipes joignables en permanence, ils nous ont fourni un accompagnement moral face aux incertitudes et aux décisions à prendre.

VD : Nous avons aussi bénéficié du PGE. Et face au durcissement de l’assurance-crédit qui nous protège contre le risque de défauts de nos clients – qui pourraient d’ailleurs se multiplier –, Initiative & Finance nous a accompagnés et conseillés pour changer de courtier. Nous avons ainsi obtenu des conditions plus favorables.

 

Quelles ont été les répercussions – positives comme négatives – de la crise sanitaire et ses conséquences sur votre activité ?

VD : Le confinement a bien sûr compliqué notre production et le travail des commerciaux, et nous avons enregistré une baisse de chiffre d’affaires. Aujourd’hui, la production doit suivre pour tenir le rythme du rattrapage. Mais une chose est sûre, je ne ferai plus d’arrêt. On trouvera des solutions car l’arrêt de la production a créé un trou de trésorerie et le redémarrage, après un mois d’arrêt, s’est révélé compliqué également, avec une perte temporaire de productivité.

La crise nous a aussi permis de nous rendre compte de l’importance de la communication digitale pour suppléer l’annulation de nombreuses foires et autres événements et nous pousse à innover dans ce sens, en testant.

YP : Si les gros chantiers ont été mis à l’arrêt, nous avons pu continuer à assurer les petits chantiers d’urgence mais aussi les chantiers récurrents auprès des collectivités, des entreprises privées, etc. Et nous avons profité de cette période pour aménager et agrandir notre site à Meyreuil, dans les Bouches du Rhône. Évidemment, la crise a eu des conséquences sur nos finances, que cela soit en termes de chiffre d’affaires ou de résultats. Mais nous avons réussi à maintenir le salaire de tous nos salariés, ce qui est une grande fierté. Nous n’avons pas encore récupéré notre niveau d’activité d’avant confinement mais, d’un point de vue organisationnel, nous sommes prêts en cas de seconde vague.

Pour nous aussi, le confinement a accéléré le passage au numérique. De nombreuses rencontres se font désormais en visioconférence, d’autant que nombre de nos clients sont encore en télétravail.

 

La crise sanitaire a-t-elle introduit, ou accéléré, des changements dans votre stratégie de croissance ?

VD : Avant le Covid, nous avions engagé une démarche de croissance interne avec l’embauche de commerciaux pour étendre notre présence régionale. Nous avons décidé de poursuivre dans cette voie pour maintenir notre développement et éviter l’« effet de creux » qui risque de suivre la phase de rattrapage. C’est grâce à la croissance que nous arrivons à sortir la tête de l’eau aujourd’hui.

D’autre part, la crise a confirmé la validité de notre stratégie. Depuis le départ, nous misons sur des produits différenciants – par exemple avec la gamme Textural, une gamme déco axée sur la couleur et les textures intérieures – par rapport à nos concurrents.

YP : Depuis un an, nous travaillions sur deux acquisitions, Déco Jardins et Karenov, et l’une des signatures aurait dû se faire deux jours après l’annonce du confinement. Dans ce contexte particulier de crise, nous avons décidé conjointement avec Initiative & Finance de suspendre de quelques semaines ces projets. Suite à un travail de réflexion commun, nous avons pu retravailler les conditions de financement et ainsi écarter tout risque de trésorerie, sans jamais remettre en cause ces opérations qui étaient l’aboutissement de mois d’échanges, d’audits et de négociations. Les acquisitions se sont ensuite faites en visioconférence.

 

Comment envisagez-vous l’après-crise ?

YP : Nous allons continuer à nous développer, à être attentifs aux opportunités de croissance. Nous serons sûrement plus prudents sur certains achats ou sur certaines embauches mais nous continuons à aller de l’avant.

VD : Pour nous, l’objectif est de poursuivre notre développement commercial et d’étoffer notre réseau d’experts agréés Proferm pour prendre une dimension nationale. Et nous allons miser sur la communication digitale et les opportunités qu’elle offre. Du point de vue financier, nous avons reconstitué notre trésorerie d’avant crise et assurons nos règlements sans décalage. Nous sommes attentifs à nos conditions de règlement, et du côté des embauches, nous allons intensifier notre dynamique de recrutement pour sortir renforcés de cette période de bouleversement économique.

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